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  Le blues du canari   Et si j’étais un cerf-volant Parcourant tous les continents ? Tutoyer les plus grands sommets L’Everest sans même se fatiguer Randonner sur l’Anapurna Ou déneiger l’Himalaya.   Et si j’étais un cerf-volant Au pays du soleil levant ? Dévorer des sushis en douce Faire la course avec les pousse-pousse, Surfer sur la muraille de Chine Ou défier les moines Shaolin ?   Et si j’étais un cerf-volant Traversant les bleus océans De l’Atlantique au Pacifique Pour atterrir en Amérique Me prendre pour une célébrité Sur la statue d’la Liberté…   Mais je ne suis pas un cerf-volant J’suis en prison depuis deux ans Volant en rond toute la journée Les ailes lourdes, un peu rouillées Pas de rançon, pris en otage : Mon horizon n’est qu’une cage.

    Les mots-tions   Sensibilité à fleur de peau Larmes-pluies de pétales Un peu beaucoup Passionné Et les mots-tions en un instant En un instinct Fugace Fulgurant Se parlent s’entendent se répondent S’apaisent Et refleurissent

  T.T.G.V. (Train à Trop Grande Vitesse)   Quand le train va trop vite, les vieux restent sur le quai Pour bagage leur arthrite, s’usant à critiquer La démence de ce monde : modernité volage. Mais René aime Raymonde jusqu’au dernier voyage.   Quand le train va trop vite, c’est la vie qui déraille Les roues crissent et crépitent, ça effraie la marmaille. On ne peut plus dormir : cacophonie de pleurs, Hurler, brailler, gémir : ça révèle les râleurs.   Quand le train va trop vite, les neurones déconnectent C’est la course-poursuite entre infos en direct. Débat ras des pâquerettes, intox de caniveau Si personne ne respecte, qui remonte le niveau ?   Quand le train va trop vite, on n’écoute pas les fleurs Ni toutes ces pépites, ces trésors pas à l’heure Quand on a des valeurs, le retard peut attendre Prenons l’temps du bonheur, pour qu’on puisse l’entendre.