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Affichage des articles du juin, 2021

En travaux

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  En travaux   A l’intérieur de moi, j’suis toujours en travaux. Je sais pas si ça s’voit, je sais pas c’que ça vaut. L’agent immobilier trouve pas beaucoup d’ach’teurs J’bâtis un escalier pour prendre de la hauteur. Je démolis les murs, je construis des fenêtres Je fais rentrer l’air pur, j’laisse les portes grandes ouvertes. J’ai un jardin immense : j’y cultive tant d’idées Mes concepts sont si denses qu’ils doivent se balader. Dix chambres ne suffisent pas pour toutes mes passions J’veux héberger Basquiat : faudra une extension !   A l’intérieur de moi, j’suis toujours élégant : En costume de bourgeois, même pas extravagant. J’accoutre mes pensées d’une jolie cravate Mon langage est brodé : c’est la classe immédiate. Pour masquer les odeurs d’une humeur défraichie J’sors mon Thierry Mugler, j’me parfume sans chichi. J’ai un joli chapeau, magnifique haut de forme Il protège mon cerveau des dangers de la norme. Chaussures au diapason : elles

Améthyste, à minima.

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   Améthyste, à minima.   Même si ma chambre est bleue, je serai ton Christian, Un amant ténébreux, aux mille jeux effrayants. Ton balcon est trop haut, tu sais moi j’ai l’vertige Mais j’serai ton Roméo : à nous la haute voltige.   J’ai perdu mes abdos à cause de la raclette, Mais j’serai ton Ronaldo : pas besoin de tablettes. Je n’ai pas son aura, mais je peux compenser Je s’rai ton Matt Pokora, même si j’sais pas danser.   Je n’ai pas le talent de Monsieur Charles Baud’laire Mes vers sont brinquebalants, j’manque de vocabulaire. Je n’suis pas un Baron, j’suis plutôt un péqu’not Même si j’ai pas un rond, j’serai ton Bernard Arnault.   Tu rêves du Trône de fer, d’exploits phénoménaux Je n’aime pas trop l’hiver mais j’peux être ton Jon Snow. Quand coulera notre navire, j’construirai un zodiac J’nous laiss’rai pas mourir, comme ce blaireau de Jack ! J’t’offrirai des cafés années après années, Mes ch’veux blancs vont t’bluffer : je s’rai ton Geo

Pour mon papa

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  Pour mon papa  J’écris le mot poisson Et mes yeux voient du bleu Tout en haut l’hameçon D’un pêcheur dangereux.   J’écris le mot requin Je suis un prédateur Qui doit combler sa faim En semant la terreur. J’écris le mot rocher Me voici percuté Apathique, sans broncher Je me laisse chahuter.   J’écris le mot pirate Partant à l’abordage Oubliés mes stigmates Je refuse mon naufrage. J’écris le mot plancton, Guidé par le berger Tel un petit mouton Docile et dévoué.   J’écris le mot phare : Je me sens important Lumineux étendard Eclairant les errants.   J’écris Maurice Carême, L’inspiration me vient : Qu’ils sont beaux mes poèmes, Je deviens magicien.   J’écris le mot chroniques, Mes histoires prennent vie Merveilleuses ou tragiques Au gré de mes envies.    

Le poète en maillot de bain

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  Le poète en maillot de bain   Le poète adorait les joies du toboggan. Se laisser entrainer : tel était le slogan. Sa plume suivait le vent, ce chemin tout tracé Il se sentait vivant, ses craintes dépassées.   Pas la moindre inquiétude sur la destination, Pas besoin de connaitre les bases en natation. Le petit bain rassure : ses mots ont toujours pied Ils gardaient leurs brassards, jamais ne s’éloignaient.   Aujourd’hui il sourit : ses doutes se dissipent Le grand bassin l’attire, son encre s’émancipe. Il la laisse couler au gré de ses envies Il ose enfin l’apnée, quitte à perdre la vie.   La page blanche se noie, ses vers prennent le contrôle Ses rimes se jettent à l’eau : elles s’improvisent un crawl. Terminées les limites, finie la pataugeoire, Il est prêt pour la suite : sauter du grand plongeoir.