Sous la pyramide

 



Sous la pyramide

 

Une soirée au musée, jusque-là j’étais bien,

Découvrir, m’amuser, ça j’en étais certain.

Mais j’ai vite déchanté : les statues ont pris vie

Quelle vigueur, quelle santé : à moi la jalousie.

 

J’ai croisé le Satire et ses muscles saillants,

Mes complexes ressortirent quand j’ai vu le Dieu Pan.

J’me suis vu rachitique, j’suis tombé de mon socle,

J’me suis vu squelettique, mon corps n’est que breloque.

 

Les ailes de Samothrace ont crié ma défaite :

Ca va laisser des traces : c’est la fin de la fête.

J’ai cherché le Radeau, pour ne pas trop couler

Noyé par mon fardeau, leur beauté : mon boulet.

 

J’étais dans les abîmes, un brouillon troglodyte

Elle était là, sublime, la Vénus, l’Aphrodite.

L’idéal féminin avait fort froid aux pieds :

Il lui manquait une main, pour nouer ses lacets.

 

Ma laideur oubliée, j’ai pu la secourir

Gentillesse-bouclier : j’ai même pu la séduire.

Les dieux grecs sont partis, malgré leur torse glabre.

Ces athlètes bien bâtis sont redevenus marbre

 

Bras dessus, bras dessous, nos yeux étaient complices

De l’Amour, des bisous, j’ai quitté les abysses.

Mes démons dépassés sont réduits en poussière.

Nous nous sommes enlacés, elle n’était plus de pierre.

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Toltèque

Armistice

Qui a volé le foudre de Zeus ? (théâtre)