Se souvenir des Vieilles

 

Se souvenir des Vieilles

 

Qué tal ? Qué tal ?

Ce soir je vais au bal. Je vais au bal avec Francisco de Goya !

Miroir, mon bon miroir, dis-moi qui la plus belle ?

C’était vous ma Reine : c’était vous, avant.

Avant, avant que le temps n’avance, que vos printemps ne dansent

Avec l’hiver…

Que nous ne vous couchiez sur ce lit, vers

La Nuit, mélancolie.

De cette ivresse qui nous conduit vers la vieillesse, loin de cette jeunesse qui vous manque tant.

Temps où vous portiez cette jolie robe

Avant que l’âge ne vous dérobe

Royauté aux mille fards

Ce maquillage qui allume

Des apparats qui tôt ou tard

Disparaitront dans la brume

Aujourd’hui le phare s’est éteint, je cherche en vain cette lumière :

Je prie le Roi, j’implore les saints

Mais je redeviens… Poussière…

Dans mon dos, tapi dans l’ombre

Cronos est là, comme une promesse

Un air lugubre, un regard sombre

Comme une épée de Damoclès.

 

Qué tal ? Qué tal ?

Ce soir, je vais au bal. Je vais au bal avec la reine !

Miroir, mon bon miroir, dis-moi qui est le plus… laid ?

Dites-moi, dites-moi des mensonges :

Dites-moi que je suis le plus beau, le plus grand

J’ai tant de maux qui me rongent

Quand je repense à la peinture d’antan.

 

 

 

 

C’en est fini de ces commandes

Enfermées dans le carcan académique

Satisfaire toutes ces demandes

Encrassées dans les affres du classique !

Peinture d’antan, je n’t’entends plus

Sourd de ce temps, de ce passé si révolu !

Si tous ces riches font leurs Caprices

Moi aussi je ferai les miens !

Je dépeindrais tous leurs vices

Leurs artifices du quotidien !

Je l’imagine cette reine

Dans sa tenue de nostalgie

Cherchant à soulager ses peines

Derrière toutes ses coquetteries !

Hélas, la jeunesse n’est pas en vente

Alors refarde-toi dans ce miroir

En espérant que ta servante

Te dise ce que tu n’peux plus voir !

 

Les peaux s’affaissent, le temps efface

D’une caresse, toutes les traces.

Et le temps passe, les rides s’enlacent

Comme des tresses, comme des lacets

Souliers d’un temps trop pressé, harassant encore et encore

Des corps trépassés !

Le temps passe, mais le tableau reste.

Les souvenirs s’attachent à leur glorieux passé

Les grains de sable s’amassent avant d’être dépoussiérés

Les cœurs se lassent, mais le tableau reste.

Miroir, mon bon miroir, qui est le plus beau ?

C’est votre tableau Senor Goya, c’est votre tableau.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Toltèque

Armistice

Qui a volé le foudre de Zeus ? (théâtre)