La rebelle qui ne voulait jamais dormir (théâtre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA REBELLE QUI NE VOULAIT JAMAIS DORMIR 

(Un joli conte défait)

                                                                                  par Nicolas Crampon

 

SCENE 1

 

Personnages : Marâtre, Chasseur, Petite Fille aux allumettes, Grand-mère (décédée)

Scénographie : Scène coupée en deux, d’un côté la Marâtre (face public) + la Grand-Mère qui apparait un peu après (à l’opposé du Chasseur), de l’autre côté le Chasseur (face public) avec la Petite fille aux allumettes à ses côtés (à l’opposé de la Marâtre).

 

MARATRE : Mais pourquoi ai-je épousé un Chasseur ?

CHASSEUR : Mais pourquoi ai-je épousé une Marâtre ?

MARATRE : Un chasseur pauvre et incapable.

CHASSEUR : Une marâtre méchante et cupide.

MARATRE : Et ce n’est pas son fils qui va nous ramener de quoi manger…

CHASSEUR : Merci Petite Fille de nous réchauffer avec tes allumettes !

PETITE FILLE : Merci à vous de m’avoir recueillie.

CHASSEUR : Nous t’avons cueillie comme les jolies fleurs de ce bouquet !

GRAND-MERE : Votre beau-fils, il pourrait épouser la riche et Rebelle au bois dormant, non ?

MARATRE : Ah ! Mais vous m’avez filé une de ces frousses !

GRAND-MERE : C’est mon destin de Grand-mère fantôme…

CHASSEUR : Tu sais, j’aurais aimé tuer le loup avant qu’il ne dévore ta grand-mère…

PETITE FILLE : Je ne t’en veux pas : tout le monde sait bien que tu n’es pas très doué !

MARATRE : En tout cas, votre idée pourrait être bonne… Si seulement la Rebelle acceptait de dormir… On dit qu’elle n’a jamais sommeil…

GRAND-MERE : Les filles de nos jours ne sont plus si dociles...

CHASSEUR : Les filles de nos jours ne sont plus si dociles… Tu pourrais être gentille avec moi !

PETITE FILLE : Tu saurais dire : « Un chasseur sachant chasser avec les chaussettes de l’archiduchesse » ?

MARATRE : Et si j’allais voir ma vieille amie la sorcière…

GRAND MERE : Pour qu’elle nous donne la recette du philtre du sommeil ?

MARATRE et GRAND-MERE : Bonne idée !

MARATRE : Chasseur chéri… Il faut qu’on parle !


 SCENE 2

 

Personnages : le Petit Poucet, l’Ogre, Cendrillon, le Loup

Scénographie : Le loup est ligoté sur une chaise face public – au fond de la scène, il y a une table pour faire à manger. Le Petit Poucet arrive côté jardin en frappant à la porte.

 

PETIT POUCET : Toc, toc, toc ! Je suis le Petit Poucet, Cendrillon m’a invité pour le repas !

OGRE : Entrez, entrez, je suis Monsieur l’Ogre, le petit ami de Cendrillon

LOUP : Beuh… Je suis le Grand Méchant Loup !

CENDRILLON : Vous avez fait bonne route ? Vous avez bien ramené vos 100 cailloux ?

PETIT POUCET : 100, tout pile : les ingrédients indispensables pour fabriquer le philtre du sommeil !

CENDRILLON : Ca ne vous dérange vraiment pas de me les donner ?

LOUP : Beuh… C’est moi le plus fort !

PETIT POUCET : Pas du tout, ils me sont inutiles puisque vous allez me ramener chez moi ce soir !

OGRE : Ma chère Cendrillon vous ramènera en carrosse après minuit… Mais en attendant, un festin nous attend, je vais aller couper les légumes !

CENDRILLON : Et allume le four, de la viande bien rôtie… Hummmm, j’ai l’appétit qui crie au loup !

PETIT POUCET : Ca tombe bien, j’ai une faim de loup !

LOUP : Beuh… C’est moi le plus beau !

CENDRILLON : Ma marâtre de mère va être tellement contente pour les cailloux !

OGRE : Voili, voilou, les légumes sont coupés, les légumes sont prêts !

PETIT POUCET : Loup, que tu as de grands yeux !

LOUP : C’est pour mieux m’admirer dans le miroir mon enfant !

CENDRILLON : Loup, que tu as de grandes oreilles !

LOUP : C’est pour mieux m’écouter parler mon enfant !

OGRE : Loup, que ta chair à l’air tendre et dodue…

CENDRILLON + PETIT POUCET + OGRE : C’est pour mieux te dévorer grand méchant loup !


 SCENE 3

 Personnages : Petit Chaperon Rouge, Hansel, Gretel, Jack et Princesse Rebelle

Scénographie : Décor rempli de bonbons, avec la Princesse qui court partout et se goinfre. Jack se déplace tranquillement en se rapprochant des autres lorsqu’il leur parle, s’éloignant sinon.

 

PRINCESSE : Vraiment délicieux ce chocolat !

GRETEL : Merci Chaperon, c’est vraiment un super plan cette maison en pain d’épice !

HANSEL : Je dirais même plus Gretel, merci beaucoup Chaperon !

CHAPERON : C’est mon copain le Chasseur qui m’en a parlé… Echanges de bons procédés… et puis les frangins, vous la connaissez bien cette maison !

HANSEL : C’est pas faux, mais on ne serait jamais venus tout seul… Trop peur de tomber sur la sorcière !

GRETEL : Je dirais même plus Hansel : beaucoup, beaucoup trop peur de tomber sur la sorcière !

PRINCESSE : Et ces sucettes au goût de fougère, j’adoooooore !

JACK : Si seulement elle était là la sorcière… Elle pourrait réparer mes haricots… J’ai beau les planter, ils ne sont plus du tout magiques !

CHAPERON : Elle est partie à la campagne la sorcière… On dit qu’elle s’éclate à élever des petits cochons !

HANSEL : Mais elle a laissé sa marmite en libre-service… Elle est sympa en fait la sorcière !

GRETEL : Tu mets les bons ingrédients, tu frottes la marmite, et hop, ton vœu est exaucé !

JACK : Euh… Je crois que vous vous trompez de conte !

PRINCESSE : Des milliers de friandises, plein de biscuits, plein de gâteaux, au diable la gourmandise, j’veux des sucres d’orge à gogo, des bonbons de toutes les couleurs, j’veux épouser un confiseur !

CHAPERON : T’es fatigante la Belle au bois dormant… Tu ne te reposes donc jamais ?

HANSEL : Tu sais ce que l’on dit Chaperon : la Rebelle au bois dormant qui ne voulait jamais dormir !

GRETEL : Je dirais même plus…

JACK, la coupant : Tu as vu Chaperon : il y a même de la confiture, tu pourrais en prendre pour ta Mère-grand !

CHAPERON : Chut, ne dis pas ça devant la Princesse : elle va vouloir manger tous les pots !

La Princesse est à genoux, elle se tient le ventre.

JACK : Princesse, Princesse ?

PRINCESSE : Mon ventre… mon ventre…

La Princesse s’évanouit en s’écroulant par terre.

GRETEL : Il était une fois, une vilaine crise de foi !

CHAPERON, se saisissant de ciseaux et coupant une mèche de la Princesse : Mission accomplie… et comme ça le Chasseur continuera la garde rapprochée de ma Mère-grand !

 

 SCENE 4

Personnages : Shéhérazade, Fée Clochette, Blanche-Neige, Grincheux

Scénographie : Shéhérazade est sur le côté, avec un grimoire : c’est elle la narratrice de cette scène. Blanche-Neige et Grincheux rejoignent Clochette dans un second temps.

 

SHEHERAZADE : Il était une fois, la Fée Clochette dans une grande colère, exaspérée des gamineries de Peter Pan.

CLOCHETTE : Mais quel gamin ! Faire la vaisselle ? Peter préfère s’amuser ! S’occuper de la maison ? Peter préfère passer ses journées à lire ces contes débiles pour enfants !

SHEHERAZADE : Avec sa baguette magique, elle décida de transformer tous les contes en histoires pour adultes.

CLOCHETTE : Abracadabra, hop, réchauffement climatique ! Plutôt que de chanter ces bêtises, la Reine des Neiges va devoir gérer la fonte des glaciers, et toc !

SHEHERAZADE : Au grand désespoir de Blanche-Neige qui avait missionné les Nains pour récupérer les derniers ingrédients pour la Marâtre…

BLANCHE-NEIGE : Clochette, ça te dérangerait de casser ton sort ? Les Nains ne veulent plus travailler… Avec tes sortilèges à la noix, ils se sont mis en grève !

GRINCHEUX : Pas en grève, pas en grève ! Pas question de suivre les mauvaises idées de Prof !

BLANCHE-NEIGE : Oui, heureusement que toi tu es gentil, Grincheux… Grincheux gentil, pfffff, c’est vraiment n’importe quoi !

GRINCHEUX : Ca a l’air marrant vos pouvoirs pour enquiquiner tout le monde !

CLOCHETTE : Je n’y peux rien moi si Perrault, Grimm et les autres ont écrit toutes ces niaiseries… Avada Kedavra !

BLANCHE-NEIGE : Tu ne pouvais pas juste transformer Peter en adulte ?

CLOCHETTE : Non, je veux qu’il paye, je veux qu’il flanche, je veux qu’il trime ce malotru ! Trimer, plutôt que frimer !

GRINCHEUX : La rancune est vraiment un horrible défaut…

SHEHERAZADE : La Fée Clochette s’en prenait à tout le monde : La Petite Sirène, Ali Baba, Alice… Quand soudain, Grincheux ne fut pas… Simplet !

GRINCHEUX : Il suffirait que Monsieur Pan vienne trimer avec nous à la mine… Je vous promets que ça le ferait grandir à vitesse grand V !

BLANCHE-NEIGE : C’est une super idée ça ! Le travail c’est la santé ! Steu’plait Clochette : dis oui !

BLANCHE-NEIGE ET GRINCHEUX : Steu’plait, steu’plait, steu’plait !

CLOCHETTE : Bon, d’accord, j’accepte ! Ca vaut le coup d’essayer… Bibidi Bobidi Bou !

SHEHERAZADE : Et c’est ainsi que la Marâtre put terminer le philtre du sommeil. La Rebelle s’endormit enfin, il ne restait plus qu’au Prince de lui prouver son amour…

GRINCHEUX : Hé ho, hé ho, on retourne au boulot !

 

                                                  SCENE 5

Personnages : Barbe-bleue, Aladin, Pinocchio, le Bûcheron, la Petite fille aux allumettes, la Princesse et la Marâtre (prévoir une voix off pour le miroir, pourquoi pas la Princesse)

Scénographie : Sur le côté, la Princesse dort allongée sur un lit, la Marâtre est cachée derrière ce lit, on la voit parfois dépasser (elle ne sortira qu’à la fin de la scène). De l’autre côté, la Petite fille aux allumettes est assise à une table, elle fait passer le casting aux 4 prétendants qui vont se succéder à la queue leu leu lors des questions. Derrière elle se trouve un grand miroir.

BARBE-BLEUE : Pourquoi on ne peut pas faire comme d’habitude et embrasser la Princesse qui dort ?

PETITE FILLE : Parce que ça ne se fait pas d’embrasser quelqu’un sans son consentement Monsieur Barbe-bleue !

BUCHERON : Arrêter de pousser ho ! Et on va faire comment alors ?

PETIT FILLE : Cher Bucheron, avant de s’endormir, la Rebelle m’a demandé de poser ces deux questions à chacun de ses prétendants, allez rangez-vous correctement !

ALADIN, prenant le papier des mains de la Petite fille : « Pourquoi voulez-vous épouser la Princesse ? » Moi, je veux l’épouser pour oublier Jasmine… Elle m’a quitté alors que j’avais exaucé tous ses vœux !

PINOCCHIO : Moi, je la rendrais la plus heureuse de toutes les Princesses ! (son nez s’agrandit)

BARBE-BLEUE : Pourquoi ton nez s’agrandit Pinocchio ?

BUCHERON : Moi, je veux l’épouser pour exister un peu plus : tout le monde s’en moque du Bucheron dans les contes !

ALADIN : Tiens, tu te prends pour le Vilain petit canard ?

BARBE-BLEUE : Moi, je rêve d’épouser une femme qui enfin ne trahira pas sa promesse !

PETITE FILLE : Moi je, moi je, moi je… Mais à part moi-je, qu’est-ce qui vous plait chez la Princesse ?

ALADIN : La Princesse préfère le bleu au rose et ça tombe bien : je vais pouvoir lui offrir un rêve bleu… Ce rêve bleu ! (il commence à chanter)

BUCHERON : C’est pas en braillant ainsi que vous allez la réveiller !

PINOCCHIO : Je vais parler sans langue de bois : elle a l’air très gentille, et très attentionné… (son nez s’agrandit)

BUCHERON : Si ton nez en bois ne s’arrête pas de grandir, je vais finir par le couper avec ma hache !

ALADIN : N’essaie pas de noyer le poisson Bucheron : tu ne réponds pas à la question !

BUCHERON : Je ne sais pas trop : je n’ai pas l’habitude que l’on me demande mon avis !

BARBE-BLEUE : Elle n’a pas l’air cupide, comparée à toutes les filles que j’ai connues avant !

PINOCCHIO : Alors, on fait comment maintenant pour connaître l’heureux élu ?

PETITE FILLE : C’est le miroir, son bon miroir qui va décider !

PINOCCHIO : C’est une très bonne idée ça de demander au miroir ! (son nez s’agrandit)

ALADIN : Miroir, son bon miroir, qui la Princesse a-t-elle choisi comme époux ?

MIROIR : La Princesse a dit… La Princesse a dit… « Personne, personne dans cette pièce n’est à mon goût ! »

MARATRE, sortant triomphalement de sa cachette ! : « Evidemment, elle veut se marier avec mon fils, le Prince ! »

PETITE FILLE : Miroir, son bon miroir, il est où le fils de la Marâtre ?

MIROIR : Il est parti… Il est parti… Il est parti à la campagne avec la sorcière pour élever des petits cochons !

MARATRE : Comment ?


SCENE 6

 Personnages : la Sorcière et le Prince

Scénographie : Le miroir est au fond de la scène, au milieu, comme un écran qui nous montre la scène. La Sorcière et le Prince ont tous les deux un petit cochon dans les bras, ils commencent à chaque extrémité latérale de la scène et vont avancer progressivement pour se retrouver ensemble main dans la main, face au public en avançant vers lui.

 

SORCIERE : J’en avais marre de devoir être méchante.

PRINCE : J’en avais marre de devoir être charmant.

SORCIERE : Marre, vraiment marre de chercher des recettes pour faire le mal !

PRINCE : Marre, vraiment marre de devoir marcher à travers des forêts de ronces et de terrasser des dragons !

SORCIERE ET PRINCE : Marre, tellement marre d’être dans toutes les histoires !

SORCIERE : J’en pince pour le Prince.

PRINCE : Tu m’as jeté un sort, Sorcière ?

SORCIERE : Elle n’est pas empoisonnée, tu peux croquer la Pomme !

PRINCE : Sésame de l’amour, ouvre-toi !

SORCIERE : On vivra dans une maison de pierre, de bois, de paille ou même de brindille !

PRINCE : On caressera le Grand Gentil Loup, et il miaulera comme un agneau !

SORCIERE : Libérés, délivrés… des clichés et préjugés !

PRINCE : Tout compte fait, c’est tellement plus simple la vie comme ça !

SORCIERE : La vie est un conte défait.

PRINCE : Tu peux choisir d’être qui tu es !

SORCIERE : Ni une victime, ni un héros !

PRINCE : Ni méchant, ni un zéro !

SORCIERE : Tu peux être lâche ou courageux…

PRINCE : Tu peux devenir ce que tu veux !

SORCIERE : Rejoins-nous si toi aussi

PRINCE : Tu veux vivre comme ci, tu veux vivre comme ça

SORCIERE : A toi d’jouer, il te suffit

PRINCE : Tire la cheville, et la bobinette cherra !

 

Chacun leur tour, par groupe des scènes, les différents personnages de la pièce vont venir sur scène pour le salut final.

 

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