éducon *
éducon * (vieux français, la traduction est polysémique)
J'vous présente ma fille : Lola, elle a six ans. C'est l'heure du coucher, et comme tous les soirs, c'est le moment de l'histoire. "une histoire qui fait très très peur !" me demanda-t-elle.
Et quand je lui ai proposé : "tu préfères celle de l'ogre ou celle du grand méchant loup ?", direct elle m'a coupé par un "Non, je veux l'histoire du Gérard !"
Il était une fois le Gérard. Le Gérard était un troubadour
Un ménestrel Il faisait rire tous les alentours :
Les damoiseaux, les damoiselles
Et à grand coup de calembours
On le trouvait sensationnel.
Le Roi lui fit les yeux doux
Craignant la concurrence des royaumes voisins
Il lui proposa un Palais et mille sous
De subvenir à tous ses besoins.
Le Gérard avait fort appétit. Il avait tout pour se goinfrer, mais il en voulait plus, il en voulait toujours plus. Si bien, que cette proposition pourtant alléchante ne lui suffisait pas.
Alors il réclama hardiment
Une lettre avec le Sceau du roi
Lui permettant de faire ce qu'il voulait impunément
Peu importe la bienveillance et toutes ses lois.
"C'est quoi papa déjà la bienveillance ?" C'est Lola, qui m'a interrompu avec cette question.
"Mais si Lola, la bienveillance, tu sais bien, c'est de faire attention aux personnes autour de nous, de veiller à ne pas leur faire de mal. Tu vois essayer d'avoir de la délicatesse, d'être gentil, de ne pas faire des choses aux gens qui pourraient les gêner."
Le Gérard était tellement populaire
Que le Roi ne pouvait rien lui refuser
Il était pourtant réputé protocolaire
Mais il accepta de tout lui autoriser.
L'Artiste repartit alors sur les chemins de la scène
Il multipliait les numéros avec brio
Rencontrait sans cesse des nouveaux mécènes
Prêts à lui construire des nouveaux châteaux.
Certains soirs, il séduisait une ou deux admiratrices
Il était si drôle, si fort, si fortuné
Et même si ses approches étaient parfois provocatrices
Il disait que certaines femmes aimaient être importunées.
Il avait un certain succès. Mais le Gérard avait fort appétit. Il avait tout pour savourer, mais il voulait encore, il en voulait toujours encore.
C'est ainsi qu'il forçait plus ou moins mais surtout plus
Celles qui n'étaient pas d'accord
Il leur montrait, leur faisait toucher son phallus
Et quand elles disaient non, il disait encore.
"C'est quoi papa un phallus ?
_ Euh… Ça, tu comprendras quand tu seras plus grande Lola. Le plus important, c'est que tu retiennes que l'on n'a pas le droit de faire des choses aux gens sans leur consentement.
_ Mais moi papa, il ne pourra rien me faire le Gérard ? Même quand je serai grande ?
_ Bien sûr que non Lola, tu sais bien que c'est une histoire. Tu sais bien que les monstres, en vrai, ça n'existe pas. Puis ces histoires, faut pas les effacer, les oublier : c'est justement fait pour que les petites filles et surtout les petits garçons sachent qu'il est important de respecter les règles de bienveillance et de consentement."
La fierté du roi continua ses "exploits"
Sans vergogne, toujours goguenard
Et quand une victime se plaignait aux hommes de loi,
Ils lui répondaient "C'est vrai, mais bon, c'est le Gérard !"
L'heure du dodo et des rêves approchait...
Comme à chaque fois,
Il fallait que j'invente une fin heureuse
Et c’est ainsi que d’un claquement doigt,
Je rendis Lola rieuse.
Ding, dong ! L'horloge sonna les douze coups,
Et le Gérard fut transformé en citrouille !
Ma petite fille put prendre son doudou
Rassurée, sans la moindre trouille...
C'était une histoire d'antan, une histoire du temps d'avant
Et même si j'ai dû raconter quelques bobards
J'espère qu'un jour on élèvera mieux nos enfants
Pour que dans le futur il n'y ait plus de sacrés monstres comme le Gérard.
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